Le prix du carburant en Guadeloupe

Pourquoi avez-vous choisi de traiter ce sujet ?

Lors de la session précédente nous nous sommes penchés sur les données qui portaient sur la différence de prix entre la France et la Guadeloupe. Et la conclusion a été qu’en moyenne nous rencontrons, en Guadeloupe, des prix 42% plus cher qu’en France. C’est pourquoi aujourd’hui nous allons mettre en perspective l’une des grandes raisons de ce grand différentiel qui est le MONOPOLE et ce par l’illustration du prix du carburant.

Que pouvez-vous nous dire sur l’organisation de la distribution des carburants ?

Le syndicaliste Jean-Marie Brissac avait déjà, début 2008, rédigé un rapport dans lequel il rendait compte de cette organisation en Guadeloupe[1]. A l’époque, 90% des importateurs de produits pétroliers sur le sol guadeloupéen étaient actionnaires de la SARA. Le principal actionnaire et importateur étant Total ; actionnaire à hauteur de 50% et importateur au niveau de 45,5%.

Seulement 10% du carburant en Guadeloupe était distribué par des importateurs indépendants. La SARA se retrouve ainsi de facto en situation monopolistique sur le marché des produits pétroliers. Par conséquent, le consommateur guadeloupéen n’a d’autre possibilité que de faire son plein d’essence dans des stations-services approvisionnées par la SARA. Toutes les stations services sont de ce fait d’accord pour ne pas se faire concurrence. Il y a monopole dans l’approvisionnement ainsi que dans la distribution.

Quelles sont les principales conséquences de cette organisation ?

  L’une des principales conséquences de ce système d’approvisionnement et de distribution est l’inexistence de concurrence entre les stations-services en Guadeloupe.

Toutefois, le défaut de concurrence des stations-services ne devrait pas être mis en question puisque la Guadeloupe a 24 stations pour 100 000 habitants, ce qui fait de ce territoire le plus pourvu, relativement au nombre d’habitants, en stations-services. Pourtant les prix affichés sont partout les mêmes, ce que l’on n’observe pas en France métropolitaine, ni dans aucun des pays où existe une situation concurrentielle.

Qui fixe le prix du carburant ?

Chaque mois, la préfecture fixe un prix plafond pour le sans plomb et le gazole ; bien entendu, les distributeurs sont libres de vendre leur carburant à un prix inférieur ; mais, étant donné la situation de monopole, ce prix plafond prend la valeur d’un prix administré, et toutes les stations-services l’appliquent. Les consommateurs guadeloupéens n’ont donc pas le choix.

Qu’est-ce qui pourrait atténuer l’effet du monopole ?

 Deux contrepoids pourraient atténuer l’effet de ce monopole : la justice et l’action de l’Etat. Pour lors, aucune instruction judiciaire n’a été mise en place en vue de démanteler le monopole induit par la SARA. Reste l’Etat qui, en fixant des prix plafonds, empêche les distributeurs de les augmenter plus encore. L’action de l’Etat est alors elle aussi extrêmement limitée en matière de régulation des prix du carburant. C’est pourquoi on remarque que seul l’Accord Bino et les accords entre l’Etat et le LKP ont, temporairement, diminuer les prix.

 L’on serait donc porté à croire que les prix du carburant à la pompe évoluent de manière tout à fait aléatoire et tout à fait arbitraire.

 

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[1] Brissac J.M. (2008). Rapport complémentaire au rapport du CESR sur le prix des produits pétroliers en Guadeloupe.